Eglise Notre-Dame et Saint-Santin

Commentaire de l’excursion archéoloqique de l’Orne dans le Perche les 30 et 31 août et 1er septembre 1904

 

   Présentant au dehors, avec une luxueuse ampleur les décorations architecturales en faveur au temps de Louis XIII, l’Eglise de Courgeon doit être compté parmi les plus remarquables de la contrée. D’ailleurs il n’est pas de visiteur, qui ne s’étonne de trouver au milieu d’un simple village un monument de cette importance, le seul type complet de l’époque que possède notre région.

 

   Comme la plupart des églises du Perche, construites en majeure partie vers la fin du XIe siècle, l’église de Courgeon était primitivement formée par une nef étroite, à peine éclairée de petites fenêtres percées très haut dans la muraille et se terminant en abside semi-circulaire. Cette nef longue de trente-cinq mètres. Le XVIIIe siècle l’a flanquée de deux bas-côtés, avec lesquels elle a été mise en communication par des arcades en plein cintre, que supportent dix-huit colonnes cylindriques, avec moulures et chapiteaux dans le genre classique le plus sévère. Un lambrissage d’effet très mesquin, exécuté récemment sur les plans adoptés par la municipalité, recouvre la nef principale. Les voûtes des bas-côtés sont en pierre, à vive arête, avec quelques clefs armoriées. Les combles de ces bas-côtés s’appuyant sur les murailles de la nef aveuglent les ouvertures primitives de celle-ci. Douze fenêtres à baie unique et deux rosaces à compartiments géométriques répandent seules la lumière dans le pourtour. Au centre de ces deux rosaces, on voit une tête de Christ et une Vierge-Mère qui permettent de supposer l’existence d’autres verrières malheureusement disparues.

   Cette description succinte ne laisse entrevoir qu’un ensemble assez ordinaire, car c’est avant tout par sa décoration extérieure que le monument de Courgeon mérite de fixer l’attention.

 

   De nombreux contreforts prolongés par des gargouilles, reliés entre eux par une corniche saillante, surmontés de pinacles à aiguilles que soutiennent des acrotères heureusement décorés, dissimulent agréablement le défaut d’élévation des murailles et la hauteur disproportionnée des toitures. La belle tour se dresse à quatre étages, dont les deux premiers sont assez sobres d’ornementation. L’avant-dernier se termine par une galerie avec balustrade à jour, coupée sur les angles par des clochetons, que rattachent au dernier étage des arcs-boutants surmontés d’arcatures. Le tout est couronné par un dôme de pierre à imbrications, avec une série d’arêtes à reliefs très découpés, que domine une lanterne à double étage. Considérée de loin, en particulier sur la route de Saint-Mard-de-Réno, alors que toutes les ouvertures se correspondent et laissent apercevoir le ciel, la tour de Courgeon provoque l’admiration par un ensemble à la fois imposant et gracieux.

 

   Des dates multipliées çà et là dans l’église renseignent l’archéologue sur l’époque exacte où furent achevées les différentes parties de l’édifice : le bas-côté du midi, en 1618 ; celui du nord, en 1619 ; le premier étage de la tour, en 1620 ; le second, en 1621 ; le troisième, en 1623 ; le quatrième, plus ouvragé, demanda plus de temps, il ne fut achevé qu’en 1629, et la lanterne du dôme, en 1632, construite par Nicolas BOYVIN, maître maçon également auteur de celle de Loisail, alors que Toussaint DURAND était curé du lieu de 1604 à 1638. Le 26 avril de cette année, il résignait sa cure en faveur de son neveu, Noël DURAND. Dans l’escalier de la tour, parmi de nombreux graffiti, on lit le nom de ce curé vraisemblablement écrit de sa main, et celui de BRISARD fils 1634, membre d’une famille très ancienne à Courgeon. Plus tard, en 1648, on construisit les voûtes des bas-côtés. Trois fois dans le siècle dernier, la foudre s’abattit sur l’église de Courgeon ; les dégâts furent toujours réparés avec science et goût.

   Beaucoup d’églises du Perche ont été dotées par le XVIIe siècle de rétables d’autel en pierre d’une ordonnance parfois majestueuse et d’un travail généralement bien exécuté. Dans ces quartiers, Saint-Mard-de-Réno, Feings, Courcerault, Comblot, Saint-Maurice-sur-Huisne, Verrières, Sainte-Céronne, etc., en possèdent de curieux spécimens. Celui de Courgeon complété par des crédences de même époque peut figurer dans cette catégorie. Quelques-uns trouveront peut-être qu’il manque d’harmonie dans les proportions, qu’il y a surcharge dans les motifs de décoration, tous regretteront assurément les enluminures criardes et les compléments que lui a infligés un artiste dont les fâcheux travaux ont défiguré beaucoup trop d’églises de la région.

 

   A Courgeon, plusieurs objets du mobilier religieux méritent d’être mentionnés. Tout d’abord dans une lourde pierre prismatique se cache une cuve baptismale en étain avec contres-forts saillants, anneaux sur les côtés, panneaux à parchemins racornis, tous les détails caractéristiques du XVe siècle. Classée comme monument historique, par arrêté ministériel en date du 28 juillet 1904.

   Reléguée sous la tour, une statue de la Vierge-Mère, très rare échantillon de sculpture sur bois, remontant au XIVe siècle, que M. le Curé, sur nos instances, a bien voulu nous promettre de faire replacer dans l’église.

   Le maître-autel, du XVIIe siècle, est une œuvre en pierre blanche, peinte et dorée, qui barre le vaisseau en deçà de la première travée du fond du chœur. Il comporte un rétable formé par quatre colonnes, supportant un fronton brisé, entre lequel s’insère un tableau du XVIIe siècle, l’Assomption.

 

   Nouvelle chaire réalisée par COISPELLIER maître menuisier à Mortagne, installée à l’emplacement de l’ancienne sur son socle en pierre (1832-1836).

   A signaler encore un cadran, avec armoiries et la date de 1649, placé au premier contrefort du bas-côté méridional ; dans la sacristie, un mortier à encens, et un bâton processionnal avec l’image de saint Santin, second patron de la paroisse, dont la statue se voit également au maître-autel.

   Saint Santin était un des compagnons de saint Denis, l’apôtre de Paris. Une tradition veut qu’avant d’aller fonder les églises de Meaux et de Verdun, il ait porté l’évangile dans la Beauce, et même en cette partie de la Neustrie qui correspond à notre Perche. Le souvenir de cet apostolat expliquerait que ce saint, dont le nom est relativement peu connu, soit honoré en plusieurs endroits de cette région, tels que Courgeon, Saint-Martin-d’Ecubley, et surtout à Bellesme et à Chartres.

 Statue de Saint Antoine offerte par Mme LOUW

 

 

A l’aube 1914, les armées d’Outre Rhin violent la neutralité de la Belgique, envahissant le pays.

 

La France se fait accueillante aux réfugiés Belges dont M. Oscar LOUW et Mlle Madeleine Verhalle qui allèrent à l’école en France. Puis ils se marient et habiteront au lieu dit Hôtel Neveu.

 

Septembre 1939 le tocsin sonne une nouvelle fois en 25 ans en appelant les hommes aux armes, Oscar gagne son pays d’origine, il est fait prisonnier, mais s’évadera en bicyclette.

 

Sa femme n’a pas de nouvelle et les allemands déferlent sur la France, « Vite les enfants et la grand-mère en voiture » et l’ont file vers le sud, direction Châteauroux, non sans avoir confié à SAINT ANTOINE, l’époux dont on n’a pas de nouvelle.

 

Quelques semaines plus tard  la fermière et les siens retrouvent Courgeon et qu’elle n’ait pas sa surprise, l’Hôtel Neveu est occupé, sur le seuil de la maison devinez qui est là « C’est toi mon chéri ». La réponse est « oui » la voiture redémarre très vite pour retrouver Oscar.