Ecole de Courgeon

   L’école de Courgeon est désormais fermée. A travers différents comptes rendus de conseils, nous avons pu retracer son histoire et quelle histoire elle a !

 

   Ancienne ferme, qui figure sur le cadastre de 1830 et qui remonte probablement à la seconde moitié du 18e siècle, a été transformée en 1855 en mairie-école.

 

   Arrêtons-nous en 1853. A cette époque, la commune loue un local qui fait office d’école mixte mais qui permet aussi de donner des cours du soir aux adultes.

 

   Le 7 août 1853, le maire Sieur ANTEQUIN lors d’une réunion de conseil fait remarquer qu’il serait utile de faire construire une maison d’école primaire et une mairie. Pour cela la commune a acheté un terrain qui se trouve dans le bourg sur le chemin de grande communication de Mortagne à Rémalard. (Ce terrain correspond à la parcelle toujours vide dans le bourg, anciennement terrain de Mme TRAVERS, route de Rémalard à droite.)

 

   Le 11 octobre 1853, le maire présente les plans et devis établis par Sieur LEBOUCHER agent voyer (agent de la DDE maintenant) pour la future maison d’école et mairie pour un montant de 7.000 francs (anciens francs) de l’époque. Le conseil approuve dans tout son contenu.

 

   Le 7 novembre 1853, une réunion de conseil extraordinaire réunit une assemblée constituée du conseil municipal et des personnes les plus imposées de la commune (d’après liste établie par le percepteur). Le maire propose de voter une imposition extraordinaire pour faire face au projet de construction et expose qu’en effet, « la commune ne possède pas de maison d’école et il n’existe pas dans la commune de local convenable destiné à cette utilisation. » Mais, près du centre bourg, il existe un terrain convenable pour servir d’emplacement à cette future construction et la dépense s’élèverait à 7.140 francs. Bien sûr, la commune ne peut faire face à une telle dépense sinon au moyen d’une imposition extraordinaire et d’un secours de 2.700 francs sollicité auprès du gouverneur. L’assemblée après avoir mûrement délibéré, approuve à l’unanimité les plans et devis pour la construction de la maison d’école et mairie sur le terrain prévu et approuve l’imposition. Courgeon va enfin posséder sa propre école. C’est sans compter sur l’intervention de l’inspecteur des écoles primaires.

   En effet, le 14 février 1854, l’inspecteur émet une observation au sujet du projet d’école en cours : « certains appartements dans le projet semblent superflus, le plan d’école de la commune de Saint Jean de la Forêt serait largement suffisant pour Courgeon ». Le conseil municipal convient donc de faire établir un nouveau projet qui serait identique à ce que souhaite l’inspecteur.

 

   Et voilà comment un grand projet n’aboutit à rien ! C’est sans compter sur la persévérance du Maire.

 

   La commune de Courgeon est devenue propriétaire du lieu le 2 février 1855 (contrat de vente, rédigé par Me CEBERT, notaire à Mauves-sur-Huisne) et l’édifice a servi de mairie-école, ainsi que de logement pour l’instituteur. Le bâtiment se compose à cette époque d’un corps de bâtiment comprenant, au rez-de-chaussée : une pièce à feu avec four, une cave dessous, une chambre à feu à côté, une écurie, et à la suite de la chambre, une écurie, et une laiterie en bas côté. Derrière les deux pièces à feu on trouve un toit à porcs à côté du four et au premier étage de 2 chambres à feu, un grenier dessus couvert en tuile. Une écurie avec grenier dessus est détachée du corps de bâtiment qui vient d’être désigné, lui-même pourvu d’une cour devant et d’une cour derrière avec une portion de jardin au bout, le tout se tenant d’une superficie de 15 ares 93.

 

   C’est le 1er mars 1855, que le conseil municipal se réunit à nouveau pour son projet de maison d’école. Cette fois, le Maire donne examen d’un plan et procès verbal de lieux sur lesquels sont édifiés deux bâtiments avec cour et jardin, appartenant à la veuve GESLAIN. (Ceci correspond à la bâtisse de la mairie actuelle). Le Maire souhaite en faire l’acquisition au nom de la commune pour une maison d’école et de mairie. Le conseil approuve et soutient ce projet : « la propriété est très convenable pour l’usage qu’on lui destine ».

 

   Le 11 mai 1855, les devis des travaux d’appropriation et de restauration pour la maison d’école et mairie dans le bourg de Courgeon s’élèvent à 2.400 francs. Le conseil les acceptent à l’unanimité et « supplie l’autorité supérieure de les approuver ».

 

   Le 19 juillet 1855, est votée de nouveau une imposition extraordinaire car la commune ne peut faire une telle dépense qu’au moyen d’une imposition extraordinaire et d’un secours de 2.300 francs sollicité auprès du gouverneur. L’acquisition ainsi que le devis sont jugés convenables. L’imposition sera de 15 centimes par francs pour chacune des 4 contributions directes.

   Le 24 août 1856, des réparations ont été faites à la maison d’école par le Sieur Pierre BRETON pour réparations de châssis, repose de carreaux, fourniture d’un tableau noir et aussi achat d’un poêle pour la mairie. La maison d’école est fin prête pour accueillir les élèves.

 

   Le 3 décembre 1857, le ministre de l’instruction publique fait enfin savoir qu’il accorde un secours de 1.500 francs pour faire face aux dépenses d’acquisition de l’école. Mais, il faut revoter l’imposition extraordinaire de juillet 1855 qui n’a pas été mise en recouvrement à l’époque. Elle sera de 20 centimes par francs sur les 4 contributions directes, ce qui équivaudra à environ 6.000 francs.

 

   Le 19 mars 1858, par décret de l’Empereur, la commune de Courgeon est autorisée à acquérir des héritiers GESLAIN, un corps de bâtiments pour la maison d’école et mairie.

 

   En fait, la commune n’a pas attendu les aides et autorisations, l’école se tient dans ces bâtiments depuis 1856 !

 

   Les affaires se compliquent en 1859 car la veuve GESLAIN n’est toujours pas payée, elle demande un acompte et des intérêts sur le prix de la maison d’école. Mais, la commune attend depuis 1858 l’accord du préfet pour vendre la parcelle devenue inutile et initialement destinée à la construction de l’école. En décembre 1859, l’autorité n’a toujours pas répondu et la commune vend finalement cette parcelle pour payer Mme GESLAIN. En 1864, pour achever de payer l’école, le conseil vote de nouveau une imposition extraordinaire de 20 centimes par francs de 1864 à 1866.

 

   Ainsi vont les affaires de la commune et l’histoire périlleuse de l’école.

   En voici la suite : le 4 août 1867, l’inspecteur académique soulève la question du nombre d’écoles dans les communes. Le conseil est d’avis à l’unanimité que l’école mixte existante dans la commune sera conservée !!

 

   Le 27 juillet 1883, le conseil municipal refuse de voter la construction d’une école mixte malgré les problèmes d’humidité inhérents à la mairie-école et sa proximité immédiate du cimetière. Il consent tout de même à prévoir l’agrandissement de la salle de classe.

 

   A la rentrée suivante, la classe, d’une superficie de 28 m², accueille 41 élèves – ce qui n’est pas conforme aux demandes ministérielles concernant l’espace destiné aux élèves. De même, le logement de l’institeur, trop exigu, n’est pas aux normes.

 

   Le 23 janvier 1900, en séance extérieure, le conseil municipal confirme à l’unanimité la délibération du 26 novembre 1899 et approuve les plans et devis exécutés par l’architecte d’Alençon MOINET relatifs à la construction d’un nouveau logement d’instituteur.

 

   En 1927, un préau à l’école publique est construit selon les plans de M. FROMENTIN, architecte voyer.

   Visite de la délégation cantonale de Mortagne du 19 novembre 1929

   Ecole mixte dirigée par Mme MENARD.

   Elèves inscrits : 30. – Présents : 29.

  Logement. – 5 pièces – 4 à feu. Mauvais état. Des réparations devraient être faites d’urgence. Nous espérons que M. le Maire, se décidera à faire exécuter les travaux nécessaires pour mettre ce logement en bon état.

   Salle de classe. – Petite, 75 m3 environ. Un carreau cassé depuis 4 mois n’a pas encore été remplacé, malgré les réclamations réitérées de l’institutrice.

   Mobilier scolaire. – Défectueux. Tables à deux places.    Poêle sans entourage. Cartes et tableaux suffisants. Bibliothèque.

   Matériel scientifique. – Néant. 45 fr. ont été votés par le Conseil municipal et vont être employés.

   Cour de récréation. – En bon état.

   Préau. – Bien. Construit il y a 2 ans (1927).

   Cabinets et urinoirs. – En mauvais état, malgré les soins de l’institutrice.

   Eau potable. – Pompe commune près de la cour de récréation, difficile d’accès et située à 2 m 50 du cimetière désaffecté et au-dessous des cabinets d’aisances.

   Cantine scolaire. – Néant.

   Caisse des écoles. – Néant.

   Mutualité scolaire. – 6 mutualistes.

   En 1957, l’école s’agrandit, la commune construit le bâtiment d’école que nous connaissons tous.

 

   En juin 1999, 132 ans après la question fatidique et une lutte incessante, l’inspecteur académique décide la fermeture définitive de l’école de COURGEON.

 

   Tant de combats et de générations pour en arriver là…

 

   Le conseil de 1852 et des années suivantes était constitué de :

   ANTEQUIN Louis Henri, maire ; BIGOT Jean-Louis, adjoint ; GODE Pierre, GODIN Jean, SOYER Pierre, BOULAY Michel, VALLET Louis père, FAUVELLIERE François, GUERIN Désiré, CHOLET Pierre, LOUVEAU Jacques, SAUGERON Jean François Guillaume, BRISARD Toussaint, SOYER Denis, THORIN Joseph.